Date Thesis Awarded

5-2021

Access Type

Honors Thesis -- Access Restricted On-Campus Only

Degree Name

Bachelors of Arts (BA)

Department

Modern Languages and Literatures

Advisor

Michael Leruth

Committee Members

Brett Brehm

Ronald Schechter

Abstract

Le Parti socialiste de France (PS) est l’un des partis les plus anciens et historiquement importants du paysage politique français. Pourtant, lors de l’élection présidentielle française de 2017, le candidat du PS, Benoît Hamon, a subi une défaite brutale (l’élimination dès le premier tour après n’avoir reçu que 6,36% des voix) qui a semé le doute sur l’avenir du parti. Qu’est-il arrivé à Benoît Hamon et au Parti socialiste lors de l’élection présidentielle de 2017 ? Bien que cette question semble relever de l’actualité récente, il faut revenir en arrière plus de 100 ans pour trouver des explications. Parmi les phénomènes les plus cruciaux que retour en arrière fournit, le phénomène du « mollétisme » émerge comme un contributeur distinct à la chute actuel du parti.

Nommé d’après le dirigeant socialiste Guy Mollet (1905-1975), le mollétisme est une duplicité dans laquelle un dirigeant socialiste utilise une rhétorique de gauche pour faire campagne mais, après avoir été élu, gouverne de manière relativement conservatrice. Le mollétisme est particulièrement problématique parce que la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO) et son successeur, le Parti socialiste (PS) ont été conçus comme des partis révolutionnaires ayant comme base électorale principale la classe ouvrière. Lorsque les socialistes français recourent au mollétisme, leur soutien démographique le plus important se sent trahi par des politiques et des politiciens au fond conservateurs et hostiles aux intérêts des classes populaires. Au cours de l’histoire de la SFIO et du PS, j’ai identifié trois cas de mollétisme fatal : la capitulation de Guy Mollet aux partisans de l’Algérie française et à Charles de Gaulle pendant la crise algérienne (1956-1957, alors que ce premier était président du Conseil des ministres, et surtout en 1958), le « tournant de la rigueur » (1982-1983) du premier président Socialiste François Mitterrand face aux pressions du néolibéralisme, et la perpétuation de cette capitulation par le dernier président socialiste, François Hollande (2012-2017).

En outre, j’ai identifié trois handicaps fatals préalables qui ont fait de la campagne un peu terne et non convaincante des Socialistes et de Benoît Hamon en 2017 une mission suicide : un débordement idéologique tous azimuts, les compromissions « mollétistes » incontournables d’Hollande et l’abandon du rôle révolutionnaire historique du parti. Idéologiquement, les Socialistes se sont retrouvés débordés à gauche, au centre… et à l’extrême droite. Fondamentalement, leur programme favorise l’Union européenne tout en se réclamant de politiques anti-austérité, deux choses qui semblent incongrues étant donné les politiques fiscales actuelles de l’UE, qui exigent des restrictions « responsables » sur les dépenses. Certes, le néo-mollétisme d’Hollande et sa trahison de la gauche ont contribué à l’échec de 2017. Couplé à un taux de chômage élevé persistent, la cote de popularité d’Hollande a chuté à 5% d’avis favorables, un chiffre historiquement bas. Enfin, la dérive du PS du parti révolutionnaire au parti réformiste et de gouvernement suivant le statu quo néolibéral et sécuritaire international a cimenté son héritage mollétiste et a signalé à la classe ouvrière que les Socialistes étaient bel et bien de la « gauche caviar », un terme péjoratif suggérant qu’ils ne représentent pas réellement ce qu’ils prétendent.

Alors que le débordement idéologique le plus remarqué concerne ce que l’on appelle la « gauche de la gauche » (La France insoumise et Jean-Luc Mélenchon – 19,58% au premier tour en 2017) et le centre (La République en marche et Emmanuel Macron – 24,01% au premier tour et le gagnant du second tour), les tendances signalées ci-dessous ont aussi, malheureusement abouti à la réappropriation de la classe ouvrière par l’extrême droite. Les segments démographiques historiquement de gauche se sont érodés en faveur du Rassemblement national (autrefois Front national) et de Marine Le Pen (21,03% au premier tour avant d’être battue par Macron au second), qui entreprend une opération de dédiabolisation tout en s’attaquant à la déception de la gauche et à la peur juste des ouvriers d’être les laissés pour compte du néolibéralisme. Ce phénomène, connu sous le nom de « gaucho-lepénisme », menace le PS existentiellement.

Jusqu’à ce jour, nous n’avons pas encore vu si les Socialistes seront en mesure de résoudre ces questions existentielles. Il y a bien eu quelques signes légèrement encourageants dans les élections municipales de 2020, quand certains candidats Socialistes – bien implantés au niveau local – ont réussi à se faire élire dans le cadre de ce que les journalistes ont appelé une vague verte. Ceci est aussi potentiellement encourageant pur le PS étant donnes que les Verts (dont Europe Écologie Les Verts) sont les partenaires historiques du PS et une alliance entre EELV et le PS (et d’autres partis) à gauche, voire une hypothétique candidature commune, n’est pas à exclure. Par ailleurs, Emmanuel Macron pourrait être un candidat vulnérable. Or, il faudra sans doute trouver un candidat présidentiable d’envergure, ce qui reste incertain (plusieurs personnalités sont en lice dont le maire de Paris Anne Hidalgo, l’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve et l’ancien ministre Arnaud Montebourg). Finalement, même avec un candidat compétitif, il est plus probable qu’il faudra plus qu’un cycle électoral présidentiel avant que le Parti socialiste ne remonte la pente (si elle la remonte). Il faudra surtout trouver une réponse cohérente et crédible à la grande question que tous se sont posés au lendemain du désastre électoral de 2017 : Qu’est-ce qu’un vrai Socialiste aujourd’hui en France ?

Available for download on Thursday, May 01, 2070

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